#ESG-RSE Plongée au cœur des enjeux de la sobriété foncière
La prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux est en train de transformer en profondeur la planification stratégique des acteurs économiques. L’un des terrains d’application concrets de cette transformation est l’aménagement du territoire, où la sobriété foncière prend une importance croissante.
Les juristes d’entreprise sont aussi en première ligne pour relever ce défi majeur. C’est dans ce contexte que, le 16 mai dernier, le groupe scientifique ESG-RSE (GS ESG-RSE) et la commission Immobilier de l’AFJE ont invité différentes fonctions de l'entreprise et des acteurs de l'écosystème immobilier à participer à un atelier-jeu de sensibilisation aux enjeux écologiques et sociaux par la sobriété foncière, ©Zig Zan, créé par un collectif d’acteurs engagés (Philippe Bouteyre, Ludivine Marcouyau, Vanessa Weck et Céline Zwickert).
Un défi collectif, une réponse interdisciplinaire
« Pour l’AFJE, il était essentiel de faire dialoguer, autour des enjeux de sobriété foncière portés par l’atelier-jeu Zig Zan, les principales fonctions de l’entreprise et leurs associations professionnelles, met en avant Nathalie Dubois, vice-présidente de l’AFJE, pilote du GS ESG-RSE et directrice juridique groupe de Fnac Darty. Les défis de la transition écologique et la complexité croissante des exigences qui pèsent sur les entreprises appellent des réflexions partagées et des collaborations interdisciplinaires. En tant qu’associations et fédérations professionnelles, nous avons un rôle clé à jouer : construire des ponts entre nos communautés et accompagner l’évolution des pratiques et des métiers. La dynamique de l’atelier a été pleinement à la hauteur de nos attentes ! »
Concrètement, les participants au jeu Zig Zan ont été invités à incarner différentes entités d’un « parlement plus qu’humain » pour construire une centaine de logements en tenant compte des limites planétaires et des contraintes émergeants au fil du jeu. « Cet atelier ludique et pédagogique aborde la problématique du besoin en logements d’une commune, à conjuguer avec la limitation de l’empreinte environnementale pour répondre aux défis du changement climatique, détaille Stéphanie Canino, membre du groupe Climat de l’AMRAE et directrice gestion des risques groupe chez Eramet. Chacun endosse un rôle qui lui est assigné au début du jeu (le maire, le représentant des générations futures, l’architecte, etc.), ce qui permet de mieux comprendre les enjeux de chaque partie prenante. Par la concertation, l’intelligence collective joue comme par magie pour concevoir des solutions tenant compte de toutes les contraintes ! On ne voit pas le temps passer et le debrief à la fin de l’atelier nous fait repartir plein d’optimisme et d’envie pour faire bouger les lignes. »
Raul Boriega, membre du groupe RSE de la DFCG et consultant financier RSE, acquiesce : « j’ai beaucoup apprécié ce jeu à la fois collaboratif et ludique, qui a mis en exergue un certain nombre de problèmes et de complexités sur le traitement du logement et de la construction ». Pour Sami Kitar, responsable du bureau d'études chez Procos, « le principe même du jeu, le fait que chaque participant incarne un rôle différent, permet de comprendre le point de vue des autres et de faire évoluer son regard sur la production immobilière. » « Le jeu met en évidence le fait que les solutions ne peuvent plus être trouvées individuellement par une seule partie prenante, souligne Fabrice Bonnifet, président du C3D (collège des directeurs du développement durable). La concertation multi-parti prenante est absolument indispensable. Intégrer les limites planétaires dans le foncier est complexe, tout comme la conciliation des enjeux écologiques et sociaux. Des solutions technologiques et un changement sociétal sont nécessaires. »
« Le mécanisme de jeu et l’approche collaborative ont permis de générer un véritable foisonnement d’idées, même si toutes ne sont pas forcément faisables ou applicables à court terme, témoigne Benoît Gunslay, conseiller juridique pour l’Union sociale pour l’habitat (USH). La sobriété foncière, en limitant les capacités de constructions neuves, oblige à repenser les manières de faire. Le développement des projets de réhabilitation va modifier les défis juridiques posés aux juristes d’entreprise. Ces derniers vont devoir adapter leur accompagnement des directions opérationnelles métiers et leur manière d’appréhender la prévention des litiges et leur résolution. » Sami Kitar estime, pour sa part, que « le droit est une nécessité pour encadrer les acteurs et promouvoir la sobriété foncière ».
En conclusion, Christian Mouchel, administrateur de l’AFJE et head of legal de Sunrock Holding France retient trois idées fortes de cette matinée : « redirection écologique, concertation et innovation. La contrainte devient un catalyseur puissant pour trouver des solutions inédites et se réinventer, qui s’impose comme le maître-mot de notre époque. »