Les délégations régionales AFJE, semeuses de vocations !
Par Florence Leandri
Convaincus de la richesse de leur métier, les actifs de l’AFJE s’investissent pour le valoriser auprès des étudiants, en particulier dans les universités en région. Quatre délégués régionaux détaillent leurs actions et leurs envies.
« Au forum des métiers de l’université de Toulouse de janvier 2025, les étudiants venus en nombre sur notre stand n’ont souvent aucune idée de ce qu’est un juriste d’entreprise, ni des voies pour accéder à la profession, se remémore Patricia Gendelman, responsable de la délégation régionale AFJE Midi-Pyrénées et directrice juridique du groupe Pierre Fabre (lire p. 9). Multiplier les actions en amont des cursus, en particulier auprès des L3, est nécessaire. Cela pourrait permettre de contrer certaines idées reçues sur le choix des parcours universitaires, propagées parfois par les directeurs de master. »
Démontrer la richesse du métier, élargir le public et intervenir au bon moment
Dans la délégation Auvergne-Limousin dont Anne Prunevieille, juriste d’affaires chez Michelin, est responsable, un effort soutenu est fourni afin de « proposer un panel d’intervenants représentatifs des expertises de la profession et de la typologie des entreprises lors de notre conférence “À la découverte de la profession de juriste d’entreprise“. Cette dernière suscite beaucoup de retours des étudiants, souvent étonnés de découvrir qu’un juriste d’entreprise ne passe pas son temps à rédiger des contrats. La présence de DPO et de Legal Ops le démontre et prouve que c’est un métier qui évolue ! » Avec un bureau récemment étoffé, Anne Prunevieille veut « structurer les relations existantes avec le doyen de la faculté de droit de Clermont-Ferrand et les directeurs de master, nos relais pour mobiliser les étudiants autour des évènements qui fonctionnent très bien. ».
En Franche-Comté, les trois membres du bureau mettent l’accent sur une présentation du métier aux étudiants de M1 et M2 droit des affaires, « mais aussi à ceux de formations plus spécifiques en lien avec l’évolution de notre métier comme le master droit numérique », indique Anthony Tyrode, responsable de cette délégation et directeur juridique de Delfingen. Une approche qui fait écho à l’évolution du prix Maurice Bensadoun, devenu AFJE Next Talent. Ce dernier s’adresse désormais à tous les M2 en droit dans une volonté de valoriser auprès du plus grand nombre le métier de juriste d’entreprise.
Très investie dans l’ouest de la délégation AFJE Paca Corse dont elle a la charge, Valérie Sanyas, directrice juridique, s’appuie sur une relation ancienne, forte et riche avec la faculté de droit d'Aix-Marseille, en particulier avec l’Institut du droit des affaires et l’ensemble des M2. Elle accorde une attention particulière aux dates pour les actions relatives à la présentation du métier : au premier jour de la rentrée des M2 et début février, donc en amont du choix du master pour les L3 . Une stratégie que Valérie Sanyas entend poursuivre avec les dix membres du bureau puisque « des contacts ont récemment été établis à Toulon et en Avignon où nous avons effectué nos présentations du métier début février. »
Si les délégations s’attachent toutes à sensibiliser les étudiants de L3, certaines remontent plus en amont. Les délégations de Franche-Comté et de Midi-Pyrénées sont présentes au forum dédié aux métiers du droit à destination des lycéens de Besançon et de Toulouse. D’autres, telles celles de Franche-Comté et d’Auvergne Limousin, veillent à donner de la visibilité au métier en conviant des étudiants à leurs afterworks.
Autre angle d’attaque : créer des partenariats avec les Cliniques du droit qui permettent aux étudiants de s’engager bénévolement auprès de structures associatives ou privées. Tel est le cas à Nice et à Besançon.
Convention ou pas convention, that is a question
La présence des délégations régionales dans les universités se heurte parfois au « fort intuitu personae qui règne dans les relations avec les facultés. Signer une convention qui cadre le partenariat entre la délégation et l’université permet de le contourner », estime Valérie Sanyas. Pour Anthony Tyrode, « une convention n’est pas essentielle au regard du très bon fonctionnement et de la proximité que nous avons pu établir avec la faculté de Besançon. » Un point de vue que partage Valérie Sanyas : « la délégation AFJE Paca-Corse est animée par la volonté de présenter le métier à tous les étudiants en droit. Or, sans surprise, il est bien plus facile de faire bouger les choses au sein des petites structures. Le forum des métiers de Toulon s’avère très intéressant en raison d’une relation directe avec la doyenne. Avec Avignon, les contacts se sont noués après un message envoyé à une professeure très présente sur LinkedIn, qui a fait remonter ma démarche à la doyenne et à l’association des étudiants en droit qui organise des présentations de métiers. »
Et parfois, une convention vient couronner une relation bien installée, à l’instar de celle signée en juin 2024 avec la faculté de droit de Toulouse par la délégation Midi-Pyrénées dont le bureau compte 11 membres : « cela facilite beaucoup nos contacts, l’organisation des évènements et installe l’AFJE et la profession auprès des professeurs et des étudiants », constate Patricia Gendelman qui siège désormais au conseil d’administration de l’université.
Les axes porteurs pour valoriser la profession
Développer les interactions étudiants/entreprises
« Outre nos interventions récurrentes dans les masters, nous organisons chaque année un stage dating – les entreprises viennent au sein de l’université recruter leurs futurs stagiaires – et nous sommes associés au programme de mentorat de la faculté de droit, qui permet à un étudiant de L3 ou de master d’être accompagné par un juriste d’entreprise. Deux dispositifs très appréciés et très pertinents, souligne Patricia Gendelman, mais qui nécessitent, pour prendre une vraie ampleur, une implication plus importante des entreprises. »
Repenser la présentation du métier
« Face aux nouveaux défis, je réfléchis à bousculer notre manière de présenter notre métier aux étudiants, confie Anthony Tyrode. Notre approche cantonne les étudiants à un rôle de spectateur. En allant chercher ceux qui veulent devenir juriste pour écouter leurs attentes, leur vision du métier, nous pourrions solidifier le lien AFJE / étudiants. »
Valoriser concrètement les opportunités
« L’atelier réalisé en 2024 avec l’Apec sur l’emploi des jeunes juristes a permis aux étudiants de recueillir des informations ciblées sur le marché du travail, les spécialités les plus rémunératrices ou les modalités de recrutement, partage Anne Prunevieille qui souhaite renouveler cette expérience en 2025. Savoir que, dans notre métier, les cabinets de recrutement sont très présents et que cela impose d’être visible selon certains codes les a beaucoup interpellés.»
Évangéliser les services des facultés de droit
« Approfondir nos relations avec le service d’insertion professionnelle de la faculté de droit d’Aix-Marseille me paraît essentiel afin de mettre en place un dispositif de mentorat et une aide à la construction de CV, glisse Valérie Sanyas. Il faudra sans doute passer du temps à expliquer les attentes des entreprises qui ne sont pas encore bien cernées. »
Autant de pistes qui permettront d’améliorer encore les relations avec les facultés de droit et leurs étudiants. Car les délégués régionaux de l’AFJE en témoignent : les initiatives en région fleurissent et donnent de bons résultats, positionnant les juristes d’entreprise comme des acteurs incontournables au sein des universités.