La fonction juridique, une voie royale pour saisir les opportunités

« Le droit est la plus puissante école de l’imagination » philosophait Hector dans La Guerre de Troie n’aura pas lieu. Pour le coup, ici nulle guerre à l’horizon. Que le CNB soit rassuré… Simplement le constat que les juristes d’entreprise sont désormais des acteurs clés de la vie économique.
Par Marc Mossé

Le droit est, plus que jamais, un élément structurant de la vie économique et oblige à l’appréhender de façon globale. Stratège, créatif, organisateur, business partner, garant, entrepreneur, communicant, parfois avocat… Le juriste d’aujourd’hui, et de demain plus encore, peut emprunter de multiples chemins car il a plusieurs cordes à son arc. La richesse et la diversité des carrières de nombre d’entre eux indiquent, à ceux qui en douteraient, que la fonction juridique est devenue une voie royale pour épouser les opportunités qui s'annoncent.
Les portraits de Sylvie, Sabine, Dominique et Cédric, que vous retrouverez ci-dessous, sont des exemples, parmi d’autres, du rôle grandissant que jouent les juristes dans l’organisation de l’entreprise et partant des développements de carrières hors les parcours classiques ou balisés de la direction juridique. Que de chemin parcouru depuis la création de l’AFJE en 1969 ! Notre profession s’est d’abord affirmée pour sa reconnaissance et trouve d’ailleurs une place dans la loi de 1971 modifiée. Elle est aujourd’hui un interlocuteur écouté des pouvoirs publics sur de nombreux sujets. Elle devient le vivier pour les recruteurs curieux et ambitieux.
Les raisons en sont multiples. La compétitivité d’une économie portée par l’innovation, et ce dans tous les secteurs, fait du droit un instrument clé de la stratégie de l’entreprise. Du droit transactionnel à la réglementation, de la compliance à la responsabilité sociale d’entreprise, du droit à l’expérimentation autour des nouveaux produits voire des nouveaux business models au droit de la concurrence, de la gestion des crises sur un plan judiciaire et de communication à la protection de la réputation de l’entreprise, les occasions sont nombreuses pour que les juristes étendent leur pouvoir de faire.
Dans ce monde où le droit va prendre de plus en plus d’importance, l’une des plus logiques extensions du domaine du juriste est celle qui lui permet d’ajouter les affaires publiques à son rayon d’action. Parce qu’une réglementation ne nait pas au jour de sa publication au journal officiel - celui, de la République Française ou de l’Union Européenne - il importe de travailler en amont pour anticiper, expliquer, convaincre de ce qui pourrait être le plus pertinent pour l’intérêt général; c’est-à-dire en prenant en compte toutes les parties prenantes et pas seulement tel ou tel biais. À n’en pas douter, la décision publique s’enrichit toutes les fois où les juristes peuvent faire entendre leur voix en amont. Combien de décisions inapplicables ou contre-productives auraient pu être évitées si le juriste avait été entendu voire écouté. Les affaires publiques sont une autre façon de sécuriser l’environnement juridique d’un secteur industriel ou d’une entreprise ou groupe d’entreprises.
Interlocuteur des pouvoirs publics, des associations professionnelles et des différentes parties prenantes, le juriste est tout désigné pour savoir faire et faire savoir le droit. De telles évolutions, supposent inévitablement une adaptation des formations initiales et continues. Les compétences nécessaires seront de plus en plus variées au-delà de la technique juridique, l’indispensable brique de base. Il faudra que les universités ou Science Po continuent d’appréhender la formation du juriste de manière toujours plus innovante.
Le " Grenelle du Droit " a été un moment propice pour aborder ces questions. En attendant, dans notre histoire présente la Guerre de Troie n’a pas eu lieu. Le juriste a cependant conquis de nouveaux territoires car « jamais poète n’a interprété la nature aussi librement qu’un juriste la réalité ».

Portrait de Cédric Duchatelle : De juriste à responsable de la conformité.
Portrait de Dominique Andrieux : De directeur juridique à directeur des progrès.
Portrait de Sabine Lochmann : De directeur juridique à dirigeante.
Portrait de Sylvie Kandé de Beaupuy : Group ethics & compliance officer chez Airbus Group et administrarice d'Alstom.
 

A propos de Marc Mossé
Marc Mossé est directeur des affaires juridiques et publiques chez Microsoft France. 
Il est, par ailleurs, vice-président de l'AFJE en charge de la communication et des affaires publiques à 
l’association.


Publié le 07/03/2018


Rejoindre
l'AFJE